Futuricide à Gaza : la France et l’Europe face à une responsabilité historique

J’ai découvert récemment un concept que je ne connaissais pas : celui de « futuricide », mis en avant par l’anthropologue Stéphanie Latte Abdallah.

Il s’agit d’un processus qui prive un peuple et le territoire où il vit de toute perspective d’avenir. D’abord en raison des crimes de masse qui touchent la population (c’est la logique génocidaire, avec tout ce qu’elle comporte également de destruction de tout un patrimoine culturel d’une population), et aussi parce qu’il y a écocide, à savoir privation ou destruction des ressources naturelles qui sont nécessaires à la vie humaine (plus d’accès à l’eau potable, pollutions massives provoquées par l’usage des bombes et les destruction des bâtiments etc etc).

Le Moyen-Orient était déjà une zone à fortes tensions en termes d’accès aux ressources naturelles, avec des conflits d’usage entre les populations et les territoires. Et les Palestiniens en étaient les premières victimes, surtout du fait de la reprise des logiques de colonisation par Israël, en Cisjordanie notamment, sous l’impulsion de Netanyahu. Cela a été documenté par des rapports de l’ONU. Et évidemment depuis quelques mois, la situation s’est fortement aggravée. Le destin d’un peuple est toujours grandement lié à sa capacité à accéder aux ressources naturelles essentielles à sa vie quotidienne. Le priver toujours plus d’eau et de terres, c’est le condamner à l’exil ou à l’asphyxie sur place.

Même si, dans sa folie meurtrière, le gouvernement Netanyahu semble désormais envisager une occupation totale de Gaza, il ne faut pas cesser de défendre la solution à deux États. Celle historiquement défendue par les Nations Unies, avec Israël et la Palestine vivant côte à côte en paix, sur les frontières d’avant 1967, avec Jérusalem comme capitale des deux États. Oui, dans les heures les plus sombres, il ne faut jamais abandonner foi en l’humanité, en sa capacité de trouver des solutions. Il y a en Israël des voix qui s’élèvent contre la politique de Netanyahu, et je ne perds pas l’espoir que des femmes ou des hommes de progrès, tel Yitzhak Rabin en son temps, puissent parvenir au pouvoir et changer la donne. Côté palestinien, la reconnaissance de l’État Palestinien par la France va dans le bon sens, surtout qu’elle s’accompagne d’une volonté de légitimation de l’Autorité Palestinienne qui représente l’État de Palestine, présidée par Mahmoud Abbas, afin de mettre en minorité les terroristes du Hamas qui ont toujours refusé de reconnaître l’existence de l’État d’Israël. Celles et ceux qui, d’un côté comme de l’autre, refusent de reconnaître que chacun des deux État a droit d’existence, doivent être combattus politiquement. C’est la seule voie durable vers la paix.

Voilà pour l’idéal de moyen-long terme, qui doit demeurer la boussole diplomatique de la France. En attendant, la pression mise sur Netanyahu doit être maximale pour faire taire les armes et pour acheminer les ressources essentielles à la population de Gaza. Plus que jamais, le temps presse.

Les Écologistes sont heureusement parmi les mouvements politiques les plus engagés sur ce dossier, preuve en est la demande répétée du Parti Vert Européen de suspension des accords commerciaux entre l’Union Européenne et Israël ainsi qu’un embargo sur toutes les exportations d’armes à destination d’Israël tant que le blocus de Gaza se poursuit, et qu’un cessez le feu n’est pas mis en place. La situation est dramatique, des crimes de guerre sont commis chaque jour. Et le fait que le gouvernement de Netanyahu laisse des enfants mourir de faim montre bien la logique génocidaire de sa politique. Les attaques d’octobre 2023 perpétrées par les terroristes du Hamas appelaient évidemment à une réponse forte, et il ne faut pas cesser de réclamer la libération des otages encore détenus par le Hamas, mais la politique du Premier Ministre israélien est criminelle car elle touche majoritairement les civils, et n’est donc absolument pas digne d’une démocratie.

Que pouvons-nous faire, nous, citoyennes et citoyens de France pour tenter de contribuer à faire cesser cette terrible situation ? Interpeller sans relâche nos dirigeants, nationaux et européens, pour qu’ils prennent enfin les mesures à hauteur du drame qui se déroule chaque jour sous nos yeux.

[Photo : Jaber Jehad Badwan, Wiki Commons, 2025]

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