Abstention : à qui la faute ?

La participation au second tour des élections régionales a été légèrement meilleure qu’au premier, mais encore une fois elle se situe à un niveau catastrophique…alors à qui la faute ?

Deux types d’explications se dégagent dans le débat public : celles qui pointent la responsabilité des politiques et celles qui dénoncent l’irresponsabilité des citoyennes et citoyens qui ne se déplacent plus pour voter.

Evidemment on ne peut nier que les dirigeant.e.s politiques ont leur responsabilité. Je parle là des « haut.e.s dirigeant.e.s » : ceux qui au sommet de l’Etat prennent depuis trop d’années des décisions qui n’améliorent pas vraiment la vie des gens, en les écoutant très peu. Et qui pour beaucoup font de la politique un métier depuis plusieurs décennies souvent, empêchant le nécessaire renouvellement démocratique.

Mais tout de même : il y a aussi un réel souci de civisme, de sens du collectif dans la population. Que les personnes les plus précarisées, les plus exclues de la société, ne trouvent aucun intérêt à voter, on peut largement le comprendre. Mais quand une grande frange de la population ne vient pas voter, au motif que : « les politiques sont des pourris » ou « on ne comprend pas les enjeux des élections régionales », je ne peux l’accepter.

D’abord, on ne peut mettre tous les politiques dans le même sac. La majorité des élu.e.s, peu importe leur orientation idéologique, sont impliqués et investis, notamment au plan local. Faire de la politique aujourd’hui, c’est souvent difficile, on est exposé aux critiques, on est impopulaires, on fait face à des enjeux complexes, et on ne s’enrichit que rarement ! À côté de cela, les footballeurs professionnels, les traders, pour ne citer qu’eux, ne souffrent que de peu de remises en question.

Ensuite, que proposent celles et ceux qui s’abstiennent ? Quelle alternative ? On ne me fera pas croire que toutes celles et tous ceux qui ne sont pas venus voter se posent réellement la question de leur contribution au bien commun.

Enfin, sur le manque de connaissances quant aux compétences du conseil régional. Nous vivons dans des sociétés où l’information est très accessible. Il suffit d’allumer la télévision, de consulter un site internet, pour se renseigner sur la question.

Derniers mots pour les jeunes. Cette abstention à plus de 80% est impardonnable à mes yeux, sauf encore une fois chez les plus démunis. Comment accepter d’avoir vu dans tant de bureaux de vote des personnes très âgées venues voter, parfois en fauteuil roulant ou déambulateur, et si peu de jeunes ? On m’objectera sans doute que les jeunes se reconnaissent dans d’autres modes d’action que le vote. Mais en tant qu’ancien enseignant je sais bien à quel point, en histoire, en éducation civique, on explique le sens du vote, le long et douloureux processus historique qui a conduit à sa généralisation dans notre pays. Les jeunes sont l’avenir et ne vont pas voter ? Quelle tristesse ! Il est grand temps de se remobiliser.

N’oublions jamais que les démocraties sont fragiles et imparfaites. Pour qu’elles continuent à vivre et progressent, il faut s’y investir. Critiquer ne suffit pas. Il faut s’impliquer.

Photo : lemonde.fr

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