Abstention : à qui la faute ?

La participation au second tour des élections régionales a été légèrement meilleure qu’au premier, mais encore une fois elle se situe à un niveau catastrophique…alors à qui la faute ?

Deux types d’explications se dégagent dans le débat public : celles qui pointent la responsabilité des politiques et celles qui dénoncent l’irresponsabilité des citoyennes et citoyens qui ne se déplacent plus pour voter.

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10 mai 1981, la force d’un héritage

Je ne suis pas de celles et ceux qui ont vécu le 10 mai 1981. Je n’étais pas né lorsque le visage de François Mitterrand s’est affiché sur les écrans de télévision, suscitant un mouvement de joie populaire rare en politique. Pourtant, comme beaucoup d’autres, je mesure la force qu’a eu cet événement, et les années qui suivirent, pour notre pays.

Forte hausse du salaire minimum et de nombreuses prestations sociales, abolition de la peine de mort, cinquième semaine de congés payés, liberté des médias, politique culturelle…Il y eu de véritables ruptures politiques par rapport au passé, porteuses d’améliorations de la vie pour de nombreuses françaises et de nombreux français, au sein des catégories populaires et moyennes.

Et même si un certain nombre de mesures, économiques notamment, je pense aux vagues de nationalisations dans l’industrie et la banque, ne purent résister aux contraintes d’une économie mondialisée, l’héritage politique des mois qui suivirent mai 1981 est immense. Ne serait-ce aussi car cela nous permet de comprendre les raisons de ce qui n’a pas marché, pour progresser la fois suivante.

Car c’est bien la question qui est posée aujourd’hui à celles et ceux, qui comme en 1981, veulent rompre avec un système économique qui laisse tant de personnes de côté. Comment construire une dynamique politique suffisamment puissante, d’abord pour accéder au pouvoir, et ensuite l’exercer, efficacement.

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Conférence enjeux emplois spéciale jeux olympiques et paralympiques Paris 2024

Ces jeux sont une opportunité pour les acteurs de l’économie sociale et solidaire de développer leur activité et créer des emplois pour des publics fragiles, notamment dans les secteurs de l’événementiel, de la construction écologique et de l’hôtellerie/restauration. Nous y travaillons, en complémentarité avec le tissu de nos TPE et PME.

> Retrouvez un extrait de mon intervention ici : Enjeux Emplois JOP2024

Podcast : en quoi les coopératives permettent-elles de lier économie et démocratie ?

Mon point de vue dans le podcast La Mairie, qui met en lumière les initiatives qui transforment la vie citoyenne. La parole y est donnée à des personnalités politiques, ainsi que du monde des entreprises ou des associations.

Cette semaine c’est donc à mon tour d’avoir une demi-heure pour parler d’économie sociale et solidaire, dans un format audio que j’aime beaucoup. ⤵️

Entretien pour résilience commune : l’union des écolos et de la gauche est indispensable pour 2022

Florentin Letissier, vous êtes actuellement Maire-adjoint à l’Economie Sociale et Solidaire à Paris, militant à EELV ; pourriez-vous retracer votre parcours politique jusqu’ici ?

J’ai toujours adoré la politique, depuis que je suis enfant, j’ai toujours aimé l’engagement. Dans ma commune de St Sébastien sur Loire j’étais au conseil municipal des enfants, j’étais alors en CM2. J’ai toujours aimé m’impliquer dans des projets concrets. Gamin, je regardais déjà les questions au gouvernement. Pourtant mes parents ne sont pas encartés. Je viens d’une famille d’enseignants de gauche. Mais c’est quelque chose que j’ai en moi depuis longtemps.

Je me suis politisé plus fortement lors de mes études supérieures, lors de la loi sur l’autonomie des universités notamment. J’étais à Sciences Po Bordeaux et il y avait alors des blocages sur le campus. J’étais un étudiant de gauche engagé notamment dans le syndicalisme étudiant. Déjà à cette époque, ce que je n’aimais pas c’était le sectarisme, je l’ai retrouvé très tôt dans les mouvements de jeunesse. Cette idée qu’il y a une ligne et qu’il faut répéter ça en boucle. J’ai toujours eu un problème avec ces fonctionnements trop sectaires, trop dogmatiques.

C’est en préparant mes concours pour devenir professeur que j’ai eu un déclic sur l’écologie. J’ai beaucoup lu Alain Lipietz et des ouvrages du courant de l’école de la régulation. Lipietz est un grand économiste de la régulation, mais qui apporte aussi la dimension écologique : le fait de penser économie et écologie ensemble, dans le cadre d’un système cohérent et alternatif. J’ai donc passé mon concours, j’ai fait un an de stage en Poitou Charentes et je suis arrivé à Paris pour mon premier poste dans l’Essonne. J’adhère alors à EELV où milite dans le groupe local du 14ème, je travaille deux trois sujets, notamment celui de l’écoquartier de St Vincent de Paul qui deviendra par la suite les Grands Voisins.

En 2014, il y a eu les municipales, je voulais être sur la liste, j’ai très tôt voulu être élu et je l’assume. Beaucoup d’écologistes ont une fibre très associative ; je considère que les associations sont fondamentales mais ça n’est pas là que je me sens à la place. J’aime bien le fait que, en militant dans un parti, il faut être à 360° sur tous les sujets, produire de la doctrine mais aussi être très concret et opérationnel. Je me retrouve en deuxième position sur la liste, et je suis donc élu adjoint à la mairie du 14ème. Je n’aurais jamais imaginé être élu à Paris, mais le concours de circonstances m’a mené là. En 2020 c’est assez naturellement que j’ai mené la liste dans le 14èmearrondissement, et que de fil en aiguille je me suis retrouvé adjoint en mairie centrale sur les questions d’ESS qui figuraient déjà dans mon portefeuille lorsque j’étais adjoint dans le 14ème.

Voilà pour les moments importants. Mais j’ai toujours tenu à avoir une activité professionnelle indépendante de la politique, je ne voulais pas dépendre de la politique pour vivre, pour rester libre. Bien que ça ne soit pas toujours facile de trouver une activité professionnelle compatible avec un engagement politique fort.

Actuellement en tant qu’adjoint, vous avez une délégation sur l’ESS. Comment l’ESS peut être pensé à la fois à l’échelle locale et nationale ?

C’est beaucoup une question de compétence. La compétence économique n’est pas très présente à l’échelle municipale. Le département s’occupe du RSA, de certains dispositifs d’insertion par l’activité économique…Paris est une collectivité à statut particulier, ville et département à la fois, donc nous avons accès à des outils d’insertion par l’activité économique par exemple. On n’a pas du tout cela au niveau de l’arrondissement.Il faut aussi dialoguer avec la région qui a des compétences sur beaucoup d’aides économiques, même si ça n’est pas toujours facile lorsque la région est d’un autre bord politique. Néanmoins nous avons conclu une convention cadre avec la région qui nous permet d’avoir plus de liberté, d’aller plus loin dans les actions liées à l’ESS.

Au niveau de l’Etat, c’est les grands moyens, il y a les budgets des ministères qu’il faut aller chercher sur des appels à projet, au niveau de l’ADEME par exemple. Il ne faut pas se laisser enfermer par ses compétences locales, ne pas hésiter à faire du plaidoyer, y compris sur le plan législatif, pour demander des évolutions. C’est très important. Lorsque je rencontre Olivia Grégoire, secrétaire d’Etat en charge de l’ESS, par exemple, je lui parle également de fiscalité, de décentralisation. Il faut aller chercher de l’argent pour les acteurs économiques, où nous le pouvons, donc aussi au niveau de l’Etat et cela sans tergiverser sur le fait qu’il s’agit d’un gouvernement LREM ou autre.

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Réinventer la planification : locale, écologique et solidaire. Notre chemin pour Paris.

Durant soixante ans, de 1946 à 2006, le commissariat général au Plan fut au cœur de l’élaboration de la planification à la française. Elle ne peut évidemment se confondre avec les planifications de type soviétique, qui se caractérisent, des versions les plus totalitaires aux tentatives de réformes comme celle portée par Oskar Lange, par la toute-puissance d’un Etat chargé de déterminer les quantités de production et les prix, hors de tout mécanisme réel de marché où offre et demande peuvent se rencontrer librement.

La planification à la française, celle de Jean Monnet qui fut le premier commissaire au Plan à partir de 1945, est indicative et incitative, et consiste en une étroite coordination entre administrations publiques et grandes entreprises privées, autour d’objectifs de production dans des secteurs jugés stratégiques. Entre 1946 et 1992, ce sont dix plans qui se sont succedés dans des domaines variés tels que l’énergie, l’agriculture, les transports, l’industrie, l’aménagement du territoire…

Les plans ont contribué à transformer profondément le tissu économique français, pour le meilleur (développement du transport ferroviaire, par exemple) comme pour le pire avec le déploiement du nucléaire devenu progressivement énergie hégémonique, nous compliquant largement la tâche pour aujourd’hui en sortir. Ils ont en tout cas donné des directions claires, guidant l’économie nationale, créant des emplois, des formations, des infrastructures. Les multiples crises que nous traversons aujourd’hui appellent à reprendre des logiques de planification et à les inscrire au coeur des dispositifs de relance, pour aller clairement et de manière ordonnée vers un modèle de développement qui concilie la nécessité de créer des millions d’emplois, tout en luttant contre le dérèglement climatique. Le plan, c’est aussi le retour en force de l’intervention publique et de la régulation des marchés, à l’heure où le néolibéralisme achève de nous montrer ses effets néfastes. Il ne peut se résumer à des actes symboliques, tel la remise sur pied par l’actuel gouvernement d’un Haut-commissaire au plan, sans véritable vision stratégique ni moyens pour agir. Il doit enclencher des transformations structurelles de notre économie. La planification du 21e siècle doit être avant tout locale, écologique et solidaire. C’est mon ambition pour Paris.

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